Mort de Charles Peguy

Présentation

Avers : Effigie, de trois quart à gauche, du poète, en uniforme d’officier du 276e Régiment d’infanterie.

Revers : Des épis de blé disposés en ogive de cathédrale ou bien comme des mains jointes pour la prière.

En légende : HEUREUX LES EPIS MURS ET LES BLES MOISSONNES.

A l’exergue : 5 SEPTEMBRE 1914, jour de la mort de Péguy.

Historique

Charles Peguy.

« Il y à quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise pensée. C’est d’avoir une pensée toute faite ».

Charles Peguy (1873-1914).

Poète et penseur engagé de son époque, il est un des auteurs majeurs du XXème siècle. Pourtant, son héritage intellectuel est aujourd’hui souvent méconnu.

Charles Péguy est né le 7 janvier 1873 à Orléans. Il est le premier et l’unique enfant d’une famille d’artisans modestes.

L’ardeur à l’ouvrage et l’amour du travail bien fait sont tout le patrimoine de Charles Péguy. Certes il est d’humble origine, mais ce n’est pas un « déshérité ». Lorsqu’il se penche sur sa lignée, c’est pour tirer gloire d’une ascendance qui ne comprend ni grand nom, ni fortune, et qui pourtant recueille toute la richesse d’un peuple. « L’anonyme est son patronyme » : par cette formule de la Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne, il rend hommage à la foule de ceux qui ont existé avant lui, analphabètes comme sa grand-mère, intelligents et braves comme elle, capables de durer et de créer en dépit des épreuves.

Dans L’Argent, ouvrage paru en 1913, un an avant la mort de Péguy, « l’homme de quarante ans » nous dépeint le monde de son enfance. C’est un monde idéalisé, paré de toutes les vertus que le présent n’a plus : « De mon temps, tout le monde chantait. » Le culte du travail, la sobriété des mœurs sont la marque de ce monde révolu. Pourtant, Péguy n’a pas toujours eu ce regard sur son passé. Un autre texte, écrit bien plus tôt et resté inachevé, ajoute une touche d’ironie à la nostalgie des souvenirs. Son titre, à lui seul, est révélateur : Pierre, commencement d’une vie bourgeoise. Le jeune homme qui se penche alors sur son enfance ne la considère pas avec la même indulgence que l’auteur de L’Argent… En dépit de son parcours personnel, s’élever dans la société, ne sera jamais pour lui un objectif. Bien au contraire, ce qu’il souhaite, c’est que soit rendu à chacun la dignité de son état : « Tous ensemble et chacun séparément premiers. » Telle est sa conception de la démocratie. Aussi ne voit-il qu’une « perversion de l’esprit démocratique » dans la fierté que sa mère tire de sa réussite, et qu’il raille en ces termes : « Que le fils d’un ouvrier mécanicien fût reçu à Saint-Cyr (…) c’était tout à fait bien. Qu’un fils d’instituteur fût reçu à Polytechnique, c’était mieux encore. Et que le fils d’une rempailleuse de chaises fût reçu à l’Ecole normale supérieure, c’était la gloire même. »

Premiers engagements : le socialisme et l’affaire Dreyfus.
Jean Jaurès, normalien, professeur de philosophie, est un intellectuel qui a décidé d’entrer dans l’action politique pour promouvoir son idéal de justice sociale. D’abord député de centre gauche, il adhère au socialisme à l’époque où ce courant de pensée, nourri des utopies de la première moitié du dix-neuvième siècle, n’a pas encore subi l’attraction du marxisme. A l’Ecole normale supérieure, Péguy subit l’influence de ce grand aîné, relayée par celle de Lucien Herr, le bibliothécaire de l’Ecole. Avec quelques camarades, il se livre à de grands débats d’idées dans sa chambre, baptisée la « thurne Utopie ». Dès 1895, Péguy devient membre du Parti socialiste.

Avant de s’engager politiquement, l’étudiant milite à la Mie de Pain, une association caritative qui distribue de la nourriture aux indigents de la capitale. Pour Péguy, supprimer la misère est le premier devoir, parce que la misère prive l’homme de son humanité. Il ne la confond pas avec la pauvreté, qu’il a connue dans son enfance, et dont il ferait presque un idéal de vie. La pauvreté engendre la solidarité. La misère est synonyme d’exclusion. Le miséreux est mis au ban de la société, mais, plus radicalement, n’ayant pas les moyens de penser à autre chose qu’à sa survie, il est rejeté hors de l’humanité. Or toute la pensée de Péguy et tous ses engagements reposent sur le refus de l’exclusion. Penseur dans la cité, Péguy est d’abord un penseur de la cité, qui ne peut admettre qu’aucune créature, humaine ou animale, demeure en marge, soit « étrangère ».

En même temps, il est hostile à toute forme d’asservissement du singulier au collectif. La société socialiste de Péguy ne cherche aucunement à transformer les hommes en leur inculquant des principes ou une idéologie. Au contraire, elle s’efforce, par son organisation économique, de leur donner la possibilité d’exister tels qu’ils sont, dans leur diversité.

Cette vision que Péguy déploie dès 1896 dans un texte de jeunesse intitulé Marcel, Premiers Dialogues de la cité harmonieuse, exprime l’essence de son socialisme. Elle permet de comprendre tout ce qui devait l’opposer au socialisme historique qui se met en place avec la création de la S.F.I.O. unifiée sur les bases du marxisme, et se développe tout au long du XXe siècle pour culminer dans le communisme totalitaire. L’unité fait horreur à Péguy, car elle suppose l’uniformité. Pour lui, il n’y a pas de révolution sociale légitime sans respect de la personne et de sa singularité.

A Orléans, il fonde un groupe d’étudiants socialistes, au grand dam de sa mère, qui redoute les ennuis que pourraient lui valoir ses activités politiques. Il a demandé une année de congé afin de pouvoir se consacrer à sa première grande œuvre : une vie de Jeanne d’Arc, qu’il rédige de fin 1895 à fin 1896. L’héroïne, qui n’a pas encore été canonisée ni accaparée par la droite nationaliste, est alors célébrée par les républicains comme une figure patriotique, sortie du peuple et sauvant le peuple. Ce qui fascine en elle le jeune Péguy, c’est son engagement solitaire au cœur de la mêlée.

Cet enthousiasme des premiers temps conduit Péguy à des initiatives audacieuses. Encouragé par Lucien Herr, il s’associe à d’autres camarades, parmi lesquels Léon Blum, le futur dirigeant de la S.F.I.O., pour fonder une maison d’édition socialiste, la Société Nouvelle de Librairie et d’Edition. Bien qu’il se soit inscrit à l’Agrégation de philosophie, Péguy est prêt à renoncer à l’enseignement et à la carrière universitaire pour une existence plus risquée, toute entière vouée à la transmission de ses convictions. Le métier de libraire ainsi entendu lui convient à merveille, et il adresse finalement sa démission au directeur de l’Ecole normale supérieure afin d’avoir les mains libres pour se lancer dans la carrière de son choix.

L’année 1898 a vu les passions se déchaîner autour de l’affaire Dreyfus : dans le sillage de Jaurès et de Zola, Péguy s’engage, signant des pétitions, manifestant à la tête de groupes d’étudiants en faveur du capitaine injustement accusé. Alors, il combat en « chef militaire » de l’Ecole normale supérieure. Avec Jaurès, il est convaincu que le devoir des socialistes est de s’élever contre la raison d’Etat quand elle fait cause commune avec l’injustice, même si la victime de cette injustice est un « bourgeois ».

Péguy dissident.
En décembre 1899 se tient un congrès lors duquel est adopté, au nom de l’unité du Parti, le principe de la censure dans les journaux et publications socialistes. Désormais, il y aura une vérité socialiste, à laquelle tous devront se conformer. Parce qu’il n’accepte pas ce tournant, Péguy se trouve en opposition avec les membres de la Société nouvelle de librairie et d’édition, qui, eux, suivent le Parti. La rupture est consommée.
Dès lors, Péguy est seul. Seul contre ses amis d’hier, seul contre le mouvement de l’histoire. Mais il n’a renoncé à rien. Son socialisme, celui de ses premiers élans, il le fera vivre à travers une revue qui se confond avec la vie et l’œuvre de l’écrivain qu’il devient : Les Cahiers de la Quinzaine.

Quelques citations de Charles Peguy :
– Quarante ans est un âge terrible. Car c’est l’âge où nous devenons ce que nous sommes.
– Il y a des larmes d’amour qui dureront plus longtemps que les étoiles du ciel.
– Aimer c’est donner raison à l’être aimé qui a tort.
– On reconnaît les honnêtes gens à ce qu’ils font leurs mauvais coups avec plus de maladresse que les autres.
– Le vieillissement est essentiellement une opération de mémoire. Or c’est la mémoire qui fait toute la profondeur de l’homme.
– Une âme morte est une âme complètement habituée.
– Je me permets quelquefois de réfléchir entre mes repas, ce qui me fait perdre énormément de temps.

  • Numérotation : Non
  • Année de fabrication : 1964
  • Métal: Bronze
  • Ref. MDP : CFO. 10 et M. 4923

Notes

Edition du Club français de la Médaille.
Référence : CFO. 10 (5° sélection)
Fonte.
Diamètre : 140 mm.
400 exemplaires en bronze, numérotés de 1 à 400.

Edition de la Collection générale de la Monnaie.
Référence : M. 4923
Diamètre : 72 mm.



Galerie