Presse

A travers cette page, retrouvez les articles de presse parlant d'Emile Rousseau.

Presse 02

Exposition Emile Rousseau à Massangis

Un évènement à ne rater sous aucun prétexte...

Première exposition dédiée à Emile Rousseau.

Nous vous donnons tous rendez-vous les 2 et 3 septembre 2023 à la salle des fêtes de Massangis (89) pour ce rare évènement numismatique.

A cet effet, JL. Maréchal, ancien graveur de la Monnaie de Paris sera présent afin de nous raconter quelques anecdotes et nous faire une démonstration de gravure.

Peut-être auront nous la chance de croiser d'autres personnalités de la MdP, anciens ou actuels...

Nous espérons que vous serez nombreux à venir partager ce moment exceptionnel.

Vous aurez aussi la possibilité de connaître un peux mieux cet ancien graveur Général de la MdP à travers ses médailles, ses peintures et sculptures.

Entretien avec Emile Rousseau (1974).

La France possède un nouveau Graveur Général des Monnaies depuis quelques mois. Archéonumis a voulu saluer cet évènement numismatique. 

Emile Rousseau Graveur général de la Monnaie

- Monsieur Emile Rousseau, vous êtes le cinquième graveur général de la Monnaie depuis 1880, date à laquelle l’atelier à Paris a pris en charge, sous le régime de la Régie, notre pays : c’est-à-dire à la fois la stabilité et l’importance de vos fonctions. Comment définissez-vous à l’heure actuelle le rôle et le travail de graveur général ?

En effet, la charge de graveur général paraît être liée à une certaine longévité de fonction puisque mon prédécesseur Raymond Joly l’a occupé durant quinze ans et qu’il est probable que moi-même, compte tenu de mon âge, j’occuperai cette fonction pendant une période analogue. Mais, entre nous, je n’ai pas du tout l’ambition de battre le record d’Henri-Auguste Patey qui resta trente-quatre ans en poste !
En ce qui concerne l’importance de la fonction, je préfèrerais employer plutôt le mot responsabilité : voyez-vous, le graveur général est responsable tant sur le plan technique (directement ou indirectement) que sur le plan artistique, quand à la fidélité aux modèles, de tout ce qui sort des ateliers de la Monnaie.
Sur le plan technique, je pense que cela se conçoit facilement : je dirige l’atelier de gravure où travaillent actuellement vingt graveurs dont trois maîtres graveurs : Gaston Poulain, Adrien Dieudonné et Maurice Charon. L’un de ses maîtres graveurs se trouve d’ailleurs à Pessac, où sont implantés comme vous le savez, nos nouveaux ateliers monétaires : il devra assurer là-bas, sous mon autorité, le contrôle de la bonne conformité des coins monétaires de service. En effet, la fabrication des coins de service vas être transférée à Pessac.

- Pouvez-vous nous dire ce qu’est un coin de service ?

Bien sûr et je crois aussi qu’il faut que je vous explique brièvement l’activité de l’atelier de gravure : il a pour mission de créer et de fabriquer les coins originaux et les coins de service pour toutes les monnaies commandées par les gouvernements (français ou étrangers) et pour toutes les médailles et jetons édités par la Monnaie pour son compte ou pour celui de particuliers. Les coins de service sont ceux qui servent à la frappe des monnaies ou des médailles, ils sont faits d’après les coins originaux qui peuvent servir de référence en cas de casse ou d’usure des coins de service. Ces coins originaux peuvent être, comme je l’ai dit, créés et fabriqués dans notre atelier de gravure ou simplement fabriqués d’après maquette ou dessin d’un créateur extérieur à l’atelier. En dehors de cette responsabilité technique et en relation avec les techniciens d’autres ateliers, il incombe aussi en ce qui concerne les secteurs des médailles de suppléer éventuellement un artiste qui, par exemple parti pour un voyage lointain, ne peut suivre la fabrication des modèles qu’il à créés ; c’est alors à moi qu’il reviendra d’assurer l’achèvement du travail en assurant sa conformité par rapport à la maquette ou au projet original.
Il me faut enfin attirer votre attention sur une responsabilité importante du graveur général qui est celle concernant la Garantie. Vous savez que toutes les monnaies et médailles, que tous les bijoux et que tous les objets fabriqués en métaux précieux doivent être contrôlés par l’Etat et porter un poinçon de garantie attestant la nature du métal ou de l’alliage utilisé. Le graveur général est responsable de la fabrication et de la reproduction des poinçons de garantie. Ces derniers doivent être conformes aux poinçons originaux créés par Jacques-Jean Barre. Mais nous pouvons être amenés à créer de nouveaux poinçons lors de l’utilisation d’une nouvelle qualité d’alliage de métaux précieux. Ainsi, cette année nous avons été amenés à apporter un additif lors d’un changement de titre d’un alliage d’argent.
Ces problèmes de garantie nous amènent au problème de la contrefaçon en monnaies et en garantie qui m’incombe directement. J’ai d’ailleurs affecté dès mon arrivée un second graveur à ce service parce qu’il m’a semblé anormal qu’il y ait un seul graveur au courant de cette spécialité, du fait, malheureusement, de l’activité assez importante en faux-monnayage. Ces deux graveurs ont pour rôle d’examiner toutes les pièces suspectes qui nous sont soumises (en général par les banques) et surtout en cas de falsification reconnue, de déceler la technique employée par le faux-monnayeur.

- Revenons, si vous le voulez bien, aux poinçons pour parler de votre marque personnelle puisque vous avez le privilège, monsieur le Graveur général, d’apposer votre différent sur toutes les monnaies fabriquées à la Monnaie de Paris ; avez-vous choisi ce différent ?

Oui, ce sera un dauphin. Les coins sont actuellement à la fabrication et les premières pièces portant mon différent sont celles d’un pays étranger. Bien entendu, les nouvelles pièces françaises de 10 et 50 francs le porteront aussi, de même que progressivement toutes les autres pièces françaises de type déjà établi amenées à être frappées et mises en circulation.

- Quelles raisons ont présidé à ce choix du dauphin comme différent ?

Vous savez, il ne faut pas voir dans ce choix des raisons mystérieuses ou ésotériques. Il fallait tout d’abord choisir une marque différente de celle de mes prédécesseurs, puisque c’est une règle qui à toujours été respectée, sauf peut-être par Auguste Barre (1878-1879) qui reprit le différent d’Albert Désiré Barre (ancre) en le modifiant toutefois par…une barre !
Raymond Joly, lui, avait choisi une chouette ; en prenant le dauphin j’ai voulu marquer d’un signe de sympathie, de fraternité si vous voulez un des moyens les plus courants d’échange et de communication entre les hommes : la monnaie. Marque de sympathie et même d’amitié puisque le dauphin est connu depuis la plus haute antiquité comme l’ami inconditionnel des hommes, j’ai donc choisi cet aimable animal et j’ai dessiné moi-même le poinçon.

- Lorsque M. Emile Rousseau citoyen français paie son journal quotidien avec des pièces de monnaie portant l’empreinte d’Emile Rousseau, graveur général, qu’est-ce que cela fait ?... un petit pincement au cœur ?

La première fois peut-être, mais je crois qu’il ne faudrait pas donner dans le romantisme, c’est bien sûr une petite satisfaction personnelle, mais un graveur général aspire naturellement, à mon sens, à créer un type monétaire pour son pays. Les circonstances ont fait que mon prédécesseur n’a pas eu l’occasion de le réaliser, sauf pour des territoires d’outre-mer. Je souhaite vivement cette occasion pour moi, mais paradoxalement cela devient plus difficile depuis mon entrée en fonction car, en tant que graveur général, il ne me semble plus possible de participer à des concours monétaires et il faudrait donc que l’on me commande directement la gravure d’un coin.

- Est-ce à dire que vous n’êtes pas pour les concours monétaires ?

Bien au contraire, je suis tout à fait pour comme je suis pour tout ce qui donne le maximum de chance et de liberté à la création artistique. Cette liberté s’est largement exprimée pour le récent concours de la pièce de 10 francs qui à été remporté par Georges Mathieu et pour lequel cent soixante-dix-sept artistes avaient concouru ; je peux vous dire que sur ces cent soixante-dix-sept projets il y en avait de tout à fait curieux comme celui qui représentait un Janus moderne, mi-Pompidou, mi-de-Gaulle. Peut-être ai-je retenu cet exemple parmi tant d’autres parce qu’il s’agissait, malgré le caractère un peu extraordinaire du projet, de portraits et que j’aime beaucoup le portrait en art monétaire. Je regrette d’ailleurs que la tradition républicaine française ait empêché jusqu’ici de faire figurer le portrait d’un président de la République sur nos monnaies : on ne peut pas dire que nos amis allemands ou américains aient le culte de la personnalité ou soient moins démocrates que nous, eh bien, ils sont très fiers d’avoir de temps à autres des monnaies de prestige à l’effigie de leurs grands hommes.
Vous savez, chacun sait le rôle que le Directeur de la Monnaie, M. Dehaye, a joué dans le renouveau de l’art de la médaille en France, je souhaite que ce renouveau touche plus encore qu’il ne l’a fait jusqu’à présent l’art monétaire proprement dit.

- Nos lecteurs ne peuvent que s’associer à ce vœu. Il est regrettable de voir des types monétaires anciens repris sans arrêt pour de nouvelles émissions alors que nous disposons d’artistes de très grand talent. J’avoue avoir été particulièrement déçu de voir repris pour la pièce de 50 francs 1974 le type à l’Hercule de Dupré qui date de la Révolution et qui avait déjà été réutilisé en 1848, de 1870 à 1878 et, pour la pièce de 10 francs de 1965 à aujourd’hui. Heureusement le concours de la nouvelle pièce de 10 francs a un peu atténué cette peine et je souhaite que ce qui est encore l’exception en matière de création monétaire devienne la règle.
- Pouvez-vous maintenant nous dire, monsieur le Graveur général, comment vus avez été amené à prendre vos fonctions ou plutôt nous dire comment devient-on Graveur général de la Monnaie ?

Il n’y a pas bien sûr de règle générale et encore moins de législation en ce domaine, tout au plus peut-on dire qu’il est de tradition de choisir le graveur général parmi les anciens premiers Grand Prix de Rome de gravure en médailles. Vous remarquerez que je n’étais pas, avant de prendre mes fonctions, graveur de la Monnaie, pas plus que ne l’était d’ailleurs Raymond Joly, en 1959. Je suis donc venu de l’extérieur mais j’avais déjà une certaine expérience en gravure de monnaie, sans parler, bien entendu, de mon passé de graveur en médailles. En ce qui concerne les monnaies, j’avais participé, en 1961, au concours monétaire pour la pièce de 20 centimes et mon projet avait été retenu parmi les six ayant donné lieu à des essais, le type adopté fut un avers de Lagriffoul et un revers de Dieudonné. Puis en 1963, Raymond Joly me fit travailler sur des modèles de poinçons de garantie pour des Etats étrangers, ce fut là un travail dur, très minutieux, mais aussi très formateur ; enfin l’année dernière (1973), j’ai gravé en taille directe, d’après des maquettes dessinées, une pièce étrangère en nickel qui doit sortir incessamment des presses monétaires. En dehors de ces problèmes de formation et d’expérience techniques, je crois qu’un Graveur général doit avoir une grande ouverture d’esprit sur le plan esthétique. Je ne crois pas à la primauté d’un style sur un autre. Je pense que chaque sujet monétaire doit et peut trouver son style et donc son graveur. Personnellement je suis du goût et de formation classique, ce qui ne m’empêche pas d’apprécier les tendances stylistiques les plus diverses comme celles qui se sont manifestées pour le récent concours de la pièce de la 10 francs. La pièce de Mathieu est fort intéressante car son expression est essentiellement graphique alors qu’en général on a affaire en monnaie à des expressions plus sculpturales si je peux dire. Du point de vue technique, je pense que la pièce de Mathieu ne nous donnera pas trop de difficultés car le trait est toujours plus facile à faire venir que le relief. Le trait a d’ailleurs d’autres avantages, en particulier, celui de résister mieux au temps qu’un modelé qui s’écrase peu à peu comme on peut le constater facilement par l’usure des avers des monnaies royales où figure en modelé les bustes et portraits de nos souverains.

- Revenons, si vous le voulez bien, à vos travaux et à votre formation. Vous êtes né à Paris en 1927 et vous avez commencé très tôt, je crois, une formation technique et artistique, comment êtes-vous venu à la médaille ?

J’ai été, de 1941 à 1945, élève de l’Ecole Boulle, où certains de mes premiers professeurs pensaient que je m’orienterai peut-être vers la peinture. Celle-ci ma plaît d’ailleurs toujours énormément mais malheureusement, je n’ai guère le temps de la pratiquer. Notez que j’avais donc 14 ans à cette date et que le choix que je fis alors de cette voie relève sans doute plus de l’instinct que de la réflexion. Mais parmi les diverses activités procédant du travail des métaux dans cette Ecole, j’avais opté pour l’apprentissage du métier de graveur sur acier parce que c’était celui qui, sur le vu de sa production me semblait nécessiter le plus de qualité de dessin, et partant, être le plus attrayant. Est puis, c’est la gravure qui, presque tout naturellement m’a mené à la médaille. Sortant de l’Ecole Boulle, je suis rentré à l’Ecole des Beaux-Arts, dans l’atelier de Dropsy. C’était un très beau caractère, Dropsy, il était exigeant, les compliments étaient très rares, mais nous savions qu’il prenait soin de nous dissimuler sa sensibilité sous une apparence de dureté envers ses élèves.
Deux fois je me suis présenter au concours de Rome et j’ai reçu le premier Grand Prix en 1957 ; je suis donc parti pour la Villa Médicis en 1958, et j’y suis resté trois ans, complétant ainsi heureusement après un séjour de six mois, à Madrid en 1956 comme pensionnaire de la Casa de Velasquez, ma connaissance des pays méditerranéens avec la découverte de l’Italie, principalement du Sud, et de la Grèce. De retour à Paris, en 1961, j’ai commencé à faire un peux de gravure, comme artisan, principalement pour la bijouterie, mais très vite je me suis consacré entièrement à la médaille grâce aux commandes particulières et aussi, bien sûr, à celles de la Monnaie qui m’a beaucoup aidé. Ma première médaille éditée par la Monnaie a été celle d’Aristide Bruant ; par la suite, j’ai réalisé un certain nombre de médailles dont beaucoup offrent le point commun de traiter de l’architecture (la Pavillon de Marsan, l’hôtel de Grammont, le Conservatoire national des Arts et Métiers, etc.) à cause des commandes, bien sûr, mais aussi par goût, car l’architecture m’intéresse beaucoup. Toutefois, mes préférences vont, comme je vous l’ai déjà dit, au portrait, j’entends aux portraits de personnes vivantes. J’ai réalisé le portrait d’Armand Lanoux et, tout récemment, celui de Gaston Palewski, j’ai également fait des portraits de famille qui sont restés inédits. Il me semble que, de nos jours, la médaille est à peu près la seule expression qui maintienne vivant l’art du portrait, cela me semble très important et j’aimerais encore apporter ma contribution dans ce domaine.
Je m’intéresse beaucoup, au problème des revers, c’est au revers qu’on voit le médailleur, mais enfin le portrait reste tout de même le grand art. Sans revenir à l’art antique ou même à Pisanello, que j’admire évidement, j’ai une grande passion pour David d’Angers et plus près de nous pour Alexandre Charpentier qui fut un extraordinaire portraitiste. J’ai évidement beaucoup de respect pour mon maître Henri Dropsy, dont on peut dire qu’il à été le maître de deux générations de médailleurs. Dropsy avait d’ailleurs lui-même une profonde admiration pour ce qu’il appelait les « portraits d’esquisse » de Charpentier « qui donnent non seulement la ressemblance physique mais nous montrent le fond de l’âme des individus ; il semble, disait Dropsy, que les portraits bas-reliefs qu’il à exécutés et qui sont le reflet d’une époque passionnée et tourmentée, resteront pour la postérité une documentation très importante et certainement la partie la plus étonnante de son œuvre ».

- Monsieur le Graveur Général, vous êtes entré en fonction en avril 1974, quelques mois après, pouvez-vous, en guise de conclusion, tirer un premier bilan et nous confier vos espoirs ?

J’ai été effectivement nommé en avril 1974 et, ayant été pressenti un peu auparavant, j’étais entré à la Monnaie dès octobre 1973 afin que M. Joly m’initie à ma nouvelle charge. Je peux, dès à présent, vous dire que le travail ne manque pas et que les vingt graveurs de notre atelier de gravure suffisent à peine pour les tâches qui leur sont confiées. Cela est dû, je crois, au renom des ces ateliers et à la qualité des artistes qui y travaillent, mais aussi à l’essor de la numismatique auquel ont concouru tant d’efforts, ceux de la Direction des Monnaies et ceux de votre revue n’étant certainement pas les moins notables. Il me reste à souhaiter que l’épanouissement de cet art monétaire déborde le cadre des médailles et touche encore plus largement qu’aujourd’hui la monnaie française proprement dite.

 

Propos recueillis par Alain Weil.

Raymond Joly par Charon
Coin Gambetta
Atelier de gravure sur acier : Ecole Boulle
Différent d’Émile Rousseau : Le dauphin
10 francs Mathieu 1974 / avers
10 francs Mathieu 1974 / revers
Concours 20 centimes 1961 / avers
Concours 20 centimes 1961 / revers
Grand prix de Rome 1957
Villa Médicis
Médaille d'Emile Dropsy réalisée par son fils Henri Dropsy

Article Théodore Rousseau sur un blog chinois

Un GRAND MERCI à notre ami Fuhui Yu, grand amateur et collectionneur de médaille pour nous avoir traduit notre article sur Théodore Rousseau sur son blog chinois.

ça fait plaisir de voir que notre travail est apprécié.

Voici le lien : https://mp.weixin.qq.com/s/dReNf5jHFDl0wdhFHCDxHg

Basse-Normandie 1994

La Monnaie de Paris frappe la médaille commémorative offerte aux vétérans par la région et la pièce de 1 franc du débarquement.

Un évènement car pour la première fois de son histoire, la Monnaie de Paris présentais une pièce en dehors de la capitale. Cette exception a eu lieu le 27 octobre 1993 à l'Abbaye-aux-Dames à Caen, siège du Conseil Régional de Basse-Normandie, à l'occasion de la présentation de la pièce de 1 franc consacrée au cinquantenaire du Débarquement.

Retrouver le reportage complet en feuilletant le PDF.

In Mémoriam Emile Rousseau par Jean-Pierre DARNIS

In Mémoriam Emile Rousseau

Texte de Jean Pierre DARNIS en mémoire d'Emile Rousseau.

IN MEMORIAM ÉMILE ROUSSEAU.

Émile Rousseau, différent dauphin, fut le dernier graveur général des Monnaies de France issu encore par la tradition, depuis 1880, du recrutement parmi le dernier concours au Prix de Rome des artistes-graveurs sur acier.

En effet, le concours du Prix de Rome ayant été supprimé en 1957, plus personne ne put ensuite être choisi avec ce titre. Ce fut le prélude aussi à la disparition à l'École Nationale Supérieure des Beau-Arts de Paris de la section gravure en taille directe, intailles et camées, en 1994.

Dessinateur, peintre et graveur en médailles, né à Paris en 1927, Rousseau eut le bonheur d'avoir un père qui sut pressentir d'abord, encourager et propulser ensuite, sa vocation artistique en lui faisant suivre des cours de dessin dès l'âge de 1onze ans. La première vocation de Rousseau est la peinture, qui restera jusqu'à la fin de sa vie son "violon d'Ingres". À l'instar des impressionnistes qu'il affectionne entre tous, il aimait planter son chevalet en tel ou tel lieu, et notamment dans sa campagne bourguignonne entre Chablis et Noyers-sur-Serein ; là où le paysage l'inspirait en pensant à ses pairs et maîtres : Corot, Boudin ou Monnet, dont il a réalisé le portrait en médaille, édité par la Monnaie de paris.

Toutefois, ce sera au réputé collège technique Boulle que Rousseau va acquérir, entre 1941 et 1945, la dextérité manuelle et la précision qui en feront l'un des meilleurs graveurs en médaille de se génération. Aussi, rentre-t-il à l’École nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 1946 dans l'atelier du célèbre Henri Dropsy, qui fut aussi le maître de Raymond Corbin et du prédécesseur de Rousseau à la Monnaie, Raymond Joly.

Il reçoit le deuxième second prix de Rome en 1954 puis il séjourne six mois à la Casa Velasquez, d'où il rapporte un médaillon du Greco et une "Semaine sainte à Seville". Ces deux productions le firent remarquer d'abord à la galerie Dauphine en 1963, puis lors d'une exposition consacrée à la médaille espagnole au musée de la Monnaie de Paris.

Suprême consécration, en 1957, Rousseau obtint le Premier Grand Prix de Rome de Gravure en médaille. La Monnaie de Paris éditera les œuvres d'Émile Rousseau, de 1958 à 2002. Il était chevalier de la Légion d'Honneur, officier du Mérite Nationale et chevalier Arts et Lettres. Depuis 1999, il était membre de l'association des architectes, le "T". Il décède à Paris le 21 janvier 2010.

Jean-Marie DARNIS