Voilà ce que dit Henry DROPSY à propos d'Emile ROUSSEAU sur le catalogue de l'exposition :

Paul Valéry aurait voulu que l'histoire des Beaux-Arts contienne un chapitre sur l'histoire des conquêtes de la facilité. Il nous a dit aussi dans son livre sur "la ressemblance de l'Art" que "le savoir avait un sens dans tous les arts et n'en à plus" et encore "qu'il importe sous peine de déchéance et de dégénérescence d'expliquer, d'exalter, de répandre et d'entretenir le culte du difficile".

N'est-ce pas l'étude approfondie des techniques que s'entretient pour une part, le savoir et le culte de la difficulté. On pourrait donner en exemple les techniques de la gravure sur acier; le métier est rude, difficile et nécessite un long apprentissage.

Emile Rousseau a été initié à l'art de la gravure dans les ateliers de l'Ecole Boulle.

La technique très ancienne du graveur a été de nos jours sensiblement transformée : les graveurs ont mécanisé une partie de leur outillage. Rousseau est resté fidèle à l'échoppe et au burin. Ils ont des titres de noblesse : les tailleurs de fer du moyen Age les ont employés, non seulement pour graver les matrices d'admirables monnaies mais aussi celles des prestigieux sceaux. C'est en creux dans l'acier que Rousseau a gravé la médaille de la Villa Médicis; à l'avers la façade sur le Via Trinita des Monti, au revers l'écusson portant les armes des Médicis.

Rousseau a aussi exécuté des médailles modelés les unes à grandeur d'exécution, les autres à une plus grande échelle destinés à la réduction. De celles-ci l'Administration des Monnaies et Médailles a rentré dans ses collections : A. Bruant, Eugène Delacroix, André Chénier, l'Ambassade de France à Rome (Palais Farnèse) le Pape Jean XXIII.

Toutes ces œuvres bien ordonnées, d'une expression et d'une création très sensible, sont exprimées avec des moyens très simples et restent dans la bonne tradition de la Médaille.

Rousseau jeune encore "au milieu du chemin de notre vie" revenu depuis quelques années de la Villa Médicis a déjà beaucoup voyagé. Boursier de la Casa Velasquez et Prix de Rome, il a vu l'Espagne, l'Italie, la Grèce. Presque en même temps que moi, il a parcouru la presqu'ile du Mont-Athos, devisant au Monastère d'Iviron avec la bibliothécaire, le père Athanase ainsi que je l'avais fait moi-même 8 jours plus tôt.

Chateaubriand qui aimait le voyage pour l'indépendance qu'il donne, disait avoir vu les plus beaux monuments des hommes et ceux de la nature et n'avoir plus envie de sortir de son trou. Je ne crois pas que Rousseau soit aussi blasé que le pouvait être Chateaubriand et je pense qu'il voyagera encore ne serait-ce que pour revoir ce qu'il à déjà vu ou bien pour apprendre ce qu'il ne sait pas encore. Il faut voir les belles œuvres que les hommes ont créé au cours des siècles tout autour du Bassin Méditerranéen.

"L'opinion d'un artiste doit être la foi dans les œuvres et son seul moyen de succès le travail quand la nature lui a donné le feu sacré". Cette phrase d'Honoré de Balzac, Rousseau peut la faire sienne, il a la volonté d'aller au fond des choses et ne se berce pas d'une creuse rhétorique.

 HENRY DROPSY